Musée Christian Dior : Le Bal des Artistes

10 août 2011

« La mode a des racines si profondes et elle entraîne si loin, pour peu qu’on s’y attarde et qu’on
cesse de la regarder avec un oeil frivole, qu’il importe de passer outre le mépris des personnes
austères et de chercher au coeur même de son royaume les secrets de l’art et de la morale. »


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J’en aurais mis du temps à vous publier le compte-rendu de ma « visite-pélerinage » au Musée Dior de Granville… C’est que je voulais le faire bien… Pas juste vous balancer quelques photos à la va-vite…. Je voulais vraiment vous emmener avec moi, au bord d’une falaise normande, dans cette villa qui surplombe la mer, au coeur de l’univers Dior…
J’espère que j’ai réussi… Pour ceux qui reviennent de vacances et qui ont raté quelques épisodes, commencez par relire mon Thé chez Dior, ça vous plongera dans l’ambiance je crois…
 

C’est pendant nos mini-interviews d’ambassadeurs au Musée des Beaux-Arts de Montréal pour l’exposition Jean Paul Gaultier (la vidéo en question sera bientôt en ligne sur jeanpaulgaultier.com, je la mettrai ici aussi, promis !), que je me suis rendue compte de l’importance de ces expositions consacrées à la Mode et aux artistes qui la font vivre.

Vous allez peut-être me dire « Super Pauline ! Bravo, tu viens d’inventer l’eau chaude ! » mais disons que ,si c’est, j’en conviens, une pensée assez basique, elle ne m’avait jamais traversé l’esprit, pour la simple raison que je ne m’étais jamais vraiment posé la question.

En effet, une des questions de ces interviews était la suivante : « Penses-tu qu’il soit important de mettre la mode dans les musées ? »

La réponse m’avait paru tellement évidente ! Certes, la mode est faite pour être portée, pour être en mouvement, pour être vivante et la planquer derrière des vitrines peut être considéré comme un sacrilège… N’empêche que. Je ne suis pas du tout d’accord avec ça !

Je vous l’expliquais pendant mon petit Thé chez Dior (teasing de ce post que j’aurais mis plus de deux semaines à préparer…) : c’est précisément dans un musée (au Musée Christian Dior justement !), alors que je n’avais qu’une petite dizaine d’années, que j’ai découvert à quel point la mode me fascinait !

D’ailleurs, depuis, dès que je « voyage » je cherche à tout prix s’il y a un musée ou un expo consacrée à la Mode, et c’est vrai que ce n’est pas siiii courant… (Oh il y en a. mais quasiment jamais au bon moment… encore une fois je suis victime d’une machination)

 Pourtant, dès lors que l’on considère la Mode comme un art, quoi de plus naturel ?

Le New York Fashion Institute of Technology présente une petite expo gratuite permanente sur l’histoire du vêtement, assortie de petites expositions temporaires (c’était sur la mode Tokyoïte quand j’y étais allée !), tandis que le Metropolitan Museum propose en ce moment une rétrospective de l’oeuvre d’Alexander McQueen (Je lance d’ailleurs un appel aux dons pour me financer le billet d’avion… Si besoin, j’accepte la CB et le paiement en 3 fois sans frais.) A Londres, c’est au Victoria & Albert Museum qu’il faut aller (pas eu le temps d’aller voir l’expo Yohji Yamamoto…snif.) A Paris, le Musée Galliera est trop souvent fermé… Et j’avoue n’avoir encore jamais mis les pieds au Musée de la Mode et du textile (aux Arts Décoratifs). Je n’ai pas prévu d’aller à Moscou bientôt mais une autre exposition sur les rapports entre Dior et l’Art s’y tient en ce moment au Musée Pouchkine.

Alors oui, c’est important de mettre la mode au musée, de légitimer la dimension artistique de la Haute-Couture, d’accepter que la mode est partie intégrante du reflet historique d’une époque et de rendre toutes ces créations accessibles au grand public et aux petites filles rêveuses. 

Bref. Cette longue digression parce que c’est précisément cette question de l’interview JPG qui m’a donné envie de retourner faire une visite au Musée de mes rêves de gamine… Et comme d’habitude, je me laisse emporter et m’égare dans des développements sans queue ni tête… Parlons donc de l’exposition Le Bal des Artistes qui se tient au Musée Christian Dior à Granville jusqu’au 25 septembre, c’est quand même pour ça qu’on est là, resaisissons-nous !

Visiter la maison d’enfance normande de Christian Dior, au fil des expositions estivales qu’elle accueille, c’est redécouvrir de manière intimiste les inspirations, les racines et les codes de ce grand couturier. Cette jolie villa bourgeoise à la façade rose et au toit gris, face aux îles anglo-normandes, rachetée par la ville de Granville et devenue le seul musée consacré à Christian Dior, permet en effet d’appréhender comme nul part ailleurs l’oeuvre et la personnalité d’un créateur exceptionnel qui a su réfléter le bouillonnement culturel d’une époque tout en réinventant la silhouette de la femme Française.

A vingt ans, le jeune homme partage son temps entre la maison familiale de Granville et la capitale où il se lie avec le compositeur Henri Sauguet et passe la plupart de ses soirées au Bœuf sur le Toit avec Erik Satie, Jean Cocteau, ou encore Fernand Léger… C’est dans ce Paris des années folles où se côtoie l’avant-garde littéraire, artistique et musicale des années 1920, que se scelle le destin de ce jeune homme qui rêve d’être un artiste. Christian Dior aspire à être architecte, peintre ou encore musicien. Il sera finalement galeriste, avant de vendre ses croquis de mode et d’ouvrir sa propre maison de couture en 1946, s’inspirant des oeuvres des uns et des autres pour créer des modèles qui auront pour nom « Concerto » ou encore « Menuet » et baptisant ses modèles « Matisse », « Braque », « Picasso »…

L’histoire a fait le reste et la Maison Dior a toujours préservé ce lien particulier avec les artistes et cette fascination pour l’art de son temps.

Florence Müller, historienne de la mode et Commissaire de l’Exposition, a construit la visite en deux temps : d’abord l’activité de Christian Dior le galériste, au sein des deux galeries Jacques Bonjean et Pierre Colle, de 1928 à 1934. Pour illustrer cette période, les œuvres de Max Jacob, de Léonor Fini, Raoul Dufy, Giorgio de Chirico, Salvador Dali ou Christian Bérard (un ami proche du couturier qui dessinera plus tard le tailleur révolutionnaire de la collection New Look), côtoient des vêtements d’Elsa Schiaparelli,
de Jeanne Lanvin ou de Paul Poiret, plantant le décor de l’éveil artistique de Christian Dior à la culture avant-gardiste. 

Dans un deuxième temps, l’exposition illustre la métamorphose du galeriste en grand couturier et les liens persistants avec les artistes, qu’ils soient peintres, photographes, écrivains, poètes, musiciens ou décorateurs qui ont influencé les créateurs et directeurs artistiques qui se sont relayés dans les ateliers de l’avenue Montaigne depuis plus de soixante ans, comme un dialogue à travers le temps.  

En tout, une soixantaine de robes sont exposées, une dizaine issue du fonds propre du musée, les autres venant essentiellement des fonds d’archives de la Maison Dior et de prêts de collectionneurs privés. De nombreuses oeuvres ont aussi été prêtées par le musée Beaubourg ou la bibliothèque nationale.

Voilà pour le petit préambule, on passe à mes photos de l’expo ! (c’était pas évident à cause des reflets des vitrines… merci à Laure pour le coup de main post-prod !)

Bonne visite !


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Robe Concerto, ligne Fuseau, collection Christian Dior Haute-Couture 1957-1958, robe du soir, bustier en satin rouge de Brossin de Méré.


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La robe ardente, dessinée par René Gruau, le dessinateur fétiche de la Maison Dior.


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Robe Tulipe, collection Christian Dior Haute-Couture A/H 2010-2011, robe en mohair rose et orange drapée s’inspirant des pétales d’une fleur.


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Robe Palladio, Collection Christian Dior Haute-Couture P/E 1992 : robe du soir en crêpe Gerogette de soie blanche, plissée, style colonne grecque.


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Robe Pollock, Collection Christian Dior Haute-Couture A/H 1984-85, robe de cocktail en crêpe de soie noir et fushia, avec application de pampilles de jais.


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Passage 17, collection Christian Dior Haute-Couture A/H 2006-2007, veste en lainage saumon brodé, jupe en crêpe de soie et corset en taffetas saumon, inspiration Dali.


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Passage 41 d’après Egon Schiele, collection Christian Dior Haute-Couture P/E 2000, robe en tulle et taffetas de soie peint à la main jaune et écru. 


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Les trois Robes Jean Cocteau, Collection Christian Dior HC P/E 1999, Crêpe blanc inscrusté de crêpe noir à motifs de tulle rebrodé. 

On peut également y admirer quelques robes de collection Christian Dior Haute-Couture A/H 2007-2008 intitulée « Le Bal des Artistes » présentée par Galliano à Versailles pour les 60 ans de la Maison Dior.


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BERARD, collection Christian Dior Haute Couture A/H 2007/2008


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MONET, Collection Christian Dior Haute-Couture A/H 2007-2008, robe rose longue brodée, bordure de marabout.


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PICASSO, collection Christian Dior Haute-Couture A/H 2007-2008

Des dizaines d’esquisses jâlonnent la visite : 


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Rêve de petite fille éveillée, la visite du boudoir miniature, reconstitution de la boutique «Colifichets» de 1947, avenue Montaigne, avec sa toile de Jouy, ses cartons à chapeaux, ses flacons de parfum.


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Musée et Jardin Christian Dior

Villa Les Rhumbs

rue d’Estouteville, 50400 Granville.

Ouvert tous les jours, sans interruption, de 10 heures à 18 heures 30.

L’exposition Le Bal des Artistes a lieu jusqu’au jusqu’au 25 septembre 2011 et le Salon de Thé Christian Dior ferme le 31
Août.

Encore merci à Maeva pour son charmant accueil et ses informations précieuses !

PS : J’aimerais la même moquette dans mon dressing…….


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25 commentaires sur “Musée Christian Dior : Le Bal des Artistes”

  1. C’est vraiment un artiste qui avait un talent extraordinaire! ça donne envie d’aller faire un tour dans ce musée (malheureusement, pas près de chez moi). J’adore aussi la moquette (pourtant, je ne suis pas trop moquette, very british).

  2. Cette exposition… Elle est juste à tomber. Tu as de la chance d’avoir grandit dans un environnement qui te permet de faire ce que tu fais maintenant. J’ai hâte de voir l’interview!

  3. Merci énormément pour ce post!Tu m’avais mis l’eau à la bouche avec celui intitulé « Thé chez Dior », mais là je suis vraiment heureuse! J’ai beaucoup aimé que tu mettes des photos mais SURTOUT que tu donnes ton ressenti en ce qui concerne la mode dans les musées et qu’ensuite tu nous présentes l’expo. Je trouve que tu es une des rares blogueuses à prendre vraiment le temps d’écrire et surtout expliquer pourquoi tu aimes ce que tu portes, c’est pour ça que j’attends toujours tes posts avec impatience! 😉

  4. Merci pour ces photos canonissimes! Tu nous as vendu du rêve.
    Puisque tu aimes les expo liées à la mode, j’ai lu ce matin que Lancel organise une expo au Galeries Lafayette à Paris en septembre.

  5. Bonjour,

    Merci pour ce compte-rendu et ces réflexions autour de la mode comme art ! Je me suis permis de citer l’article dans mon dernier post (avec un lien). A très bientôt !

  6. Salut salut ! Je suis passée par hasard sur ton site, et franchement, tes articles sont géniaux, les photos sont très belles, etc…
    Je viendrai souvent voir les nouveaux articles !
    A+ !

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