Enfin, je vous raconte.

20 mois de galères, de mensonges, de fausses promesses, de faux espoirs, de désespoir.

Heureusement, la lumière est juste là, au bout du tunnel, dans moins de 10 jours, je pourrai tourner la page et ce ne sera plus qu’un lointain souvenir amer.

Les travaux seront terminés, tous les meubles livrés.

20 mois.

En plus, j’ai quelque chose de super visible pour réaliser vraiment la durée de cette mascarade !

J’étais tout fraichement enceinte en mars 2020 quand nous avons confié les clés à cet artisan, et mon bébé fêtera demain son premier anniversaire.

Je veux dire… Pardon… mais j’ai quand même eu le temps de faire pousser de rien un bébé qui galope quand le mec n’a pas été fichu de rénover 34 m2 dans le même temps !

De l’écrire, ça me sidère à nouveau…

Allons-y… Je vais tenter de résumer au plus vite ces longs mois, de peur que ne soit, tant la rédaction pour moi que la lecture pour vous, aussi pénible, ennuyeuse, douloureuse, interminable que ne l’ont été ces 20 mois d’attente.

Quelques jours avant l’annonce du premier confinement, nous confions donc les clés à Monsieur G., appelons-le Monsieur Gargouillis, après signature d’un devis de plus de 40k€ pour la rénovation complète de nos 34 m2 parisiens et versement du premier acompte.

J’ai ce souvenir qui me fait toujours rigoler super jaune. J’avais préparé un petit mot que j’avais glissé dans les boîtes à lettres de nos voisins, leur annonçant 2 mois de travaux et m’excusant par avance pour les nuisances sonores et les escaliers bâchés le temps des travaux.

Le premier confinement a retardé un peu le démarrage des travaux, Monsieur Gargouillis ayant fait le choix, que je ne critiquais pas d’ailleurs, de laisser ses ouvriers se confiner et se protéger du virus en attendant d’en savoir un peu plus sur cette pandémie naissante.

Ensuite, après quelques longues semaines, les travaux ont repris, et c’est à ce moment qu’a commencé la sempiternelle danse de mensonges, de « je te donne de bonnes nouvelles et t’envoie quelques photos du chantier » puis silence radio pendant deux ou trois semaines. Et on recommence. Deux photos, puis pas de son pas d’image.

Tout l’été.

En septembre, j’étais enceinte jusqu’aux dents, je lui ai demandé de terminer les travaux pour fin octobre, histoire que je puisse venir à Paris avec mon bébé. Je lui ai laissé deux mois. Le temps total du chantier prévu initialement, pour terminer les travaux déjà relativement bien entamés.

Pas besoin de deux mois s’exclame Monsieur Gargouillis, « dans deux semaines, promis, c’est fini ». Et moi, naïvement, j’y croyais encore un peu.

Finalement, à Noël, on l’a croisé pour une petite réunion de chantier dans l’appartement, rien n’avait bougé ou presque depuis notre dernier passage en juillet. Il s’est confondu en excuses. Mais il a à nouveau promis de terminer tout bientôt. Fin janvier au plus tard, on s’organisait une réunion de chantier. Il a même promis d’offrir le laquage des façades cuisine, m’évitant ainsi une dépense supplémentaire et les délais de livraison des façades adaptables que j’avais prévu de commander sur mesure.

Alors, naïvement, on l’a cru.

Début janvier, il a avancé de quelques trucs, nous a demandé de verser le deuxième acompte, j’ai laissé trainer un peu (en mode « avance donc et ne sois pas trop pressé pour le paiement vu comment tu ne l’es pas pour finir mes travaux depuis 10 mois ! »), et puis il a changé la serrure, je n’avais plus les clés de chez moi, ça m’a fait un peu flipper donc j’ai réglé l’acompte, sans calculer tout de suite que c’était une trop grosse somme par rapport à ce qu’il allait nous rester pour le tout dernier acompte, payable à la livraison des travaux.

À partir de là, les relations, qui jusque là étaient restées cordiales, polies, respectueuses, se sont envenimées. Je ne supportais plus qu’on m’ignore, qu’on filtre mes appels pendant des semaines, pour finalement m’envoyer un pauvre message qui ne répondait pas à ma multitude de questions, qui ne fixait toujours pas de date de fin de travaux, et qui me prenait à nouveau pour une conne.

J’ai tâché encore longtemps de rester mesurée dans mes messages, mais intérieurement, je bouillonnais. Et lui avait changé de ton. Genre clairement, ça le faisait mortellement suer que je le saoule à l’appeler, à le relancer, à exiger qu’il avance… Il adoptait un ton paternaliste et agacé, en m’appelant par mon prénom comme pour me diminuer, il m’insupportait.

C’est à ce moment là que j’ai envisagé de faire finir les travaux par quelqu’un d’autre. Grosse difficulté : impossible de rayer des lignes sur le devis existant ou d’en imaginer un autre : tous les postes étaient commencés, mais rien n’était achevé. Autre problème : c’est là que je me suis rendu compte qu’on avait versé 93% du devis, et que clairement, il restait bien plus à faire dans l’appart que les 7% pas encore payés.

Et après une année de COVID pas terrible du tout pour l’entrepreneuse freelance que je suis, combinée à la grossesse et au petit baby, arrêter là avec Monsieur Gargouillis et perdre beaucoup d’argent en plus du temps déjà perdu n’était pas possible, financièrement.

Parallèlement, cette ordure m’a aussi mise dans des situations délicates avec de multiples marques et clients/agences. Vous vous doutez bien que dans le cadre de mon boulot, j’avais négocié plusieurs partenariats pour cet appartement. On a déjà parlé de certains ici ou sur insta, mais il y a eu, par exemple, Envie de Salle de Bains et Normandy Ceramics pour ma petite salle de douche dont je vous parlais dans mon dernier article, La Redoute Intérieurs pour les meubles et les luminaires, une très très jolie marque de décors muraux (= papiers peints qui n’en sont pas) découverte grâce à mon architecte d’intérieur dont j’ai hâte de vous parler, Dulux Valentine qui m’a gentiment fourni toutes les peintures, Kitchenaid qui m’a offert gille-pain, bouilloire, robot artisan.

La plupart des marques et agences ont été, je dois le dire, adorables et hyper compréhensives, plutôt désolées pour moi et pleines d’empathie, vraiment. Mais il y en a qui ont perdu patience (quelque part, je les comprends et je ne peux que les excuser) et ont été très rudes avec moi…

Mettez-vous à ma place, l’idée qu’à cause de ce type sans foi ni loi j’ai pu passer pour quelqu’un de pas professionnel, ça me rend dingue.

Imaginez que par ricochet, moi aussi je baladais les gens en mode « mon artisan m’a promis que dans 2-3 semaines c’était bon », et puis 2-3 semaines plus tard « je suis désolée, je n’ai à nouveau plus de news du tout »… Sérieusement, ils ont dû me prendre pour une affreuse mythomane, alors même que c’était moi qui était en proie à un menteur voleur escroc, spécialistes des fausses promesses…

Et puis il y a aussi les partenariats qui sont tombés à l’eau à cause de lui, indirectement, parce qu’au bout d’un moment, je n’osais plus m’engager sur rien et j’ai laissé filer des opportunités…

Bref… il fallait agir.

Un an après avoir confié les clés à Monsieur Gargouillis, je me suis décidée et j’ai enfin contacté mon assurance juridique qui m’a aidée à me lancer dans une procédure de règlement à l’amiable avec plusieurs buts :

• essayer de lui mettre un peu la pression pour qu’il termine les travaux (spoiler alert : ce mec a zéro pression, zéro culpabilité, zéro conscience des répercussions de son manque de professionnalisme sur la vie et le moral de ses clients bernés, il n’a peur de rien, il assume sa mégalomanie jusqu’au bout et se fout de tout le monde sauf de son petit nombril de menteur maladif.)

• a minima qu’il avance un maximum pour que je perde le moins d’argent possible

• constituer un dossier en vue d’une éventuelle procédure civile par la suite

Au final, ça a juste continué tout pareil : des promesses non tenues, quelques nouvelles rassurantes, et puis plus rien, et on recommence le même cycle infernal, éternellement. La seule différence, c’est que tout ça était cadré et encadré – notamment par des délais hyper longs… – et que mon assurance et un cabinet d’expertise étaient en copie des échanges.

Cette petite histoire s’est donc prolongée, et ça a duré jusqu’à début septembre.

Il y a eu en tout 2 expertises, plusieurs protocoles d’accord signés, 5 allers-retours à Paris pour signer une fin de travaux, des dizaines et des dizaines d’appels filtrés…

Il y a eu aussi l’histoire des appliques. Elle est assez révélatrice cette « anecdote ».

En janvier 2020, j’ai commandé tous mes luminaires chez La Redoute Intérieurs, appliques et suspensions, car une des prochaines étapes du chantier c’était de finir l’électricité et en tout dernier, de fixer les luminaires. C’était une coquette commande : 4 plafonniers et 4 appliques murales.

De nombreux mois de retard plus tard, il s’est avéré que deux appliques avaient disparu. Une pour le salon (elle est revenue depuis mais en rupture de stock à l’époque) et une des deux appliques jumelles, situées symétriquement de part et d’autre d’un papier peint que j’ai hâte de vous montrer. Un modèle en opaline et en métal ocre (pas facile à trouver, c’est toujours quasi noir ou laiton doré) qui allait PARFAITEMENT avec le papier peint. Hélas, rupture de stock sur le modèle et renseignements pris auprès de l’instagram @laredouteinterieurs (qui répondent super vite à toutes vos questions, ils sont vraiment adorables et au taquet !) ce modèle ne serait pas  reconduit.

Plusieurs mois ont passé, je sentais un truc louche avec ces appliques qui avaient très mystérieusement « disparu ». J’ai longtemps cru qu’elles allaient réapparaître comme par magie et qu’il se servait de ça pour me tenir par les c***. J’avais raison en partie mais malheureusement seulement pour la deuxième partie de mon intuition…

Et puis à un moment, il a proposé d’en racheter d’autres pour remplacer celles qu’il avait perdues. Pour celle du salon, je m’en fichais et j’avais prévu d’attendre le réassort annoncé de celle choisie à la base. C’est pour la jumelle ocre du bureau que j’étais hyper embêtée : impossible de trouver quelque chose qui matchait mieux mon papier peint.

Après des dizaines d’échange de messages avec Monsieur Gargouillis, et une matinée à appeler tous les corners La Redoute Intérieurs de Paris, j’en avais déniché une, la toute dernière de ce modèle, en noir, pas en ocre. Monsieur Gargouillis est allée la chercher à la boutique, a démonté la ocre solitaire de mon bureau pour emmener les deux à son atelier et les passer en cabine de laquage pour que les deux soient ocre.

En juillet dernier, la dernière fois que j’ai croisé Monsieur Gargouillis qui avait fait l’ultime promesse de venir terminer les travaux, il m’a dit qu’il me les ramenait le lendemain, mais que là, en scooter, il n’avait pas pu les emmener.

Je ne l’ai jamais revu depuis.

Il y a quelques semaines, j’ai raconté en instastories très brièvement comment ce type avait réussi à faire disparaître deux fois mes appliques… La première fois, accordons lui pourquoi pas le bénéfice du doute, mais la seconde. Je veux dire, il a quand même démonté celle qui n’avait pas été mystérieusement « perdue » la première fois, il n’a jamais rendu celle qui avait été achetée en remplacement… Au total, le mec m’a volé 4 appliques, si je compte celle qu’il a réussi à faire disparaître deux fois !

Mes stories (qu’il était TOUJOURS pendant tout ce temps dans les premiers à regarder… genre, c’est triste, avance sur tes chantiers plutôt que de passer ton temps sur instagram… c’est pas ton métier, c’est pas grave…) au sujet de ces appliques l’ont fait réagir, alors que je n’avais pas de nouvelles depuis mi-juillet et qu’il ne s’était même pas présenté à la dernière expertise contradictoire qui a fait enfin officiellement le constat de l’abandon du chantier.

J’ai reçu un message « je ne savais pas que j’étais malhonnête, Pauline. Et puis vous oubliez de parler de toutes les choses que je ne vous ai pas facturées. » Parle-t-il des façades cuisine qu’il a laqué gracieusement pour s’excuser de son retard ? Peut-être, mais s’il avait pensé à mettre des étagères derrière ces jolies portes laquées, c’eût été encore mieux… Ou peut-être qu’il parle de la verrière cuisine, qui devait être une verrière standard pas trop chère, mais qu’il a, spontanément sans rien demander à personne, décidé de réaliser sur mesure selon les premières projections de mon architecte, avec de jolis arrondis qui rappellent les autres arrondis de l’appartement ? Mais bon cette verrière n’a ni parclose, ni verre (et ça va être très coûteux de la compléter du coup… sachant qu’on avait justement écarté ce projet car on était déjà au bout du bout de notre budget…).

Et puis dans la foulée, juste après ce premier message, Monsieur Gargouillis  m’a proposé de me rendre mes appliques… « dites moi quand vous êtes à paris que vous ramène tout ça ». Il m’a même envoyé une photo de mes deux appliques ocre dans du papier bulle.

J’étais partagée entre le fou rire nerveux, et l’espoir de les récupérer. Et puis en même temps, pas trop naïve non plus car c’est bon, j’ai déjà donné et je n’arrive plus du tout à croire quoi que ce soit qui sort de la bouche de cet homme.

Finalement, c’est le fou rire nerveux qui l’a emporté ! Quand même, le mec est magique. Comme dans un mauvais film de kidnapping, il m’envoie une preuve de vie de mes fichues appliques ocre.

Je ne croyais pas si bien dire.

Quelques jours plus tard, quand il a fallu échanger à nouveau afin de se donner rendez-vous pour que je récupère ma propriété dérobée, il a demandé la rançon…. et oui, il manquait un truc crucial à cette histoire d’enlèvement : la rançon !!!!

Ultime preuve s’il en fallait une (on s’en serait bien passé hein !) que Monsieur Gargouillis est d’une malhonnêteté qui n’a d’égal que son ego et sa sensation d’impunité : le mec me fait du chantage pour que je règle les pauvres 7% d’un devis signé plus de 20 mois auparavant, après un abandon de chantier et le vol caractérisé de biens m’appartenant.

Je vous rassure, j’ai porté plainte pour vol et tentative d’extorsion, c’était la goutte d’eau.

Et ça a été très cathartique, de raconter tout ça à la police en étant prise au sérieux, de repartir avec un papier et l’espoir que Monsieur Gargouillis ne s’en sorte pas comme ça, mais aussi d’écrire tout ça aujourd’hui.

C’est bien trop long et je m’excuse pour ce pavé, si tant est que vous ayez eu le courage de me lire jusqu’ici !! Et pourtant, je vous ai fait grâce de dizaines d’anecdotes, épisodes de mauvaise foi, et autre esbroufe minable.

Je vais être franche, je ne sais pas encore si je vais aller plus loin dans la procédure civile car j’ai surtout envie de tourner la page. Et en même temps, je me sens la responsabilité d’avoir le courage de me battre, ne serait-ce que pour que ce type ne puisse pas faire vivre à quelqu’un d’autre ces mois de cauchemar et de manipulation. Parce que bon, ce n’est que du temps et de l’argent vu de loin, mais les nuits blanches, les crises d’angoisse, les crises de larmes aussi, l’ascenseur émotionnel constant, la peur qu’on ne se relève pas financièrement de cette histoire après avoir investi toutes nos économies dans cet appart et cette rénovation… ça compte ça aussi. Et je ne le souhaite à personne.

Il n’en est sûrement pas à son coup d’essai, et apparemment, tous les architectes qui collaborent avec lui finissent par ne plus le faire au bout de quelques chantiers. Mais à quel prix pour leurs clients ?

Et puis si personne ne se décide, à bout de force, à tenter d’obtenir justice, alors les Monsieur Gargouillis de ce monde continuent à escroquer les gens, sans la moindre répercussion ?

Bordel, heureusement que je crois au karma !

Quoi qu’il en soit, on verra si je poursuis les poursuites ou non, ça dépendra en partie de ce que ça nous coûte la reprise du chantier pour le terminer ENFIN et la correction des nombreuses malfaçons, mais aussi des suites de ma plainte pénale à la police et de quelques rendez-vous pour évaluer le coût d’une telle procédure civile.

Maintenant je vous ai tout raconté, les travaux sont en train de se terminer, et je vais pouvoir très bientôt vous montrer un peu les autres pièces.

Et quant aux selfies miroir cheminée, comment vous dire ?… J’ai attendu 20 mois pour en faire, alors vous n’avez pas fini !!!